Les pigistes représentent une part notable des journalistes. Loin d’être des journalistes au rabais ce sont des journalistes professionnels, bénéficiant des mêmes droits que les journalistes attachés à une rédaction.

Qu’est-ce qu’un pigiste ?

Un pigiste est un journaliste qui ne dépend pas d’une rédaction : il est payé « à la tâche », c’est-à-dire à la taille de l’article ou au temps d’antenne. Rares sont les journaux à ne pas avoir recours aux pigistes. Pour certains journalistes, surtout les jeunes, c’est un passage obligé pour démarrer dans la profession.

Statut

Avant tout, le journaliste pigiste est un salarié, et non un indépendant (ou freelance si l’on veut faire chic) payé en facture, ni un auteur payé en droits d’auteur. Il bénéficie des prestations chômage, maladie, maternité et retraite, formation, congés payés, ainsi que des avantages inscrits dans la convention collective des journalistes, par exemple le treizième mois. Par ailleurs, dès que la collaboration devient régulière, le journaliste pigiste est présumé être en contrat à durée indéterminée (CDI) et doit donc bénéficier d’indemnités de licenciement et d’allocations chômage en cas de rupture de la collaboration. Certains tribunaux considèrent que trois mois de collaboration suffisent, mais d’autres ont rejeté des demandes fondées sur neuf ou dix mois de travail régulier.

Faire respecter ses droits

Dans la pratique, ces droits sont parfois difficiles à faire respecter. Les services de l’Etat comme la Sécurité sociale ou les Assedic connaissent peu le statut de pigiste. Certains employeurs rechignent à respecter leurs droits et les pigistes eux-mêmes ne souhaitent pas toujours faire valoir ces droits au risque de stopper définitivement une collaboration. Pourtant, se résigner est un mauvais calcul, car un journal qui spolie une fois un pigiste n’hésitera pas à le refaire si le pigiste ne réagit pas. Certains recours, comme les référés aux Prud’hommes, sont rapides, faciles et gratuits. Bien sûr, pour éviter d’arriver à ces extrémités, mieux vaut préciser les règles dès le début de la collaboration et refuser les paiements en droits d’auteurs et autres pratiques illégales.

Rémunération

Le journaliste pigiste est généralement rémunéré en fonction du nombre de « feuillets » qu’il écrit, un feuillet représentant 1 500 signes. Mais il peut aussi être rémunéré au forfait pour une prestation donnée. Théoriquement, le rédacteur en chef ou le chef de rubrique qui commande un article doit établir un bon de commande précisant le thème du papier, sa taille, la date où il doit être rendu, et bien sûr le montant de la rémunération. C’est rarement le cas, et la relation reste basée sur la confiance, ce qui comporte quelques risques, surtout pour le pigiste. Certaines pratiques, comme payer à moitié prix un article commandé, mais non paru, sont illégales : publié ou non, tout article commandé et rendu doit être payé (article L. 761-9 du Code du travail). Il n’existe pas de tarif minimum du feuillet, et les prix pratiqués varient généralement entre une dizaine et une centaine d’euros, avec une moyenne autour de 60 à 70 euros brut (hors congés payés et treizième mois). Les piges doivent être payées à la fin du mois où le travail a été effectué, mais elles sont souvent payées à la fin de mois de parution. En cas de nouvelle parution, le journaliste doit donner son accord et recevoir une rémunération négociée à l’avance.

Vendre ses articles

Lorsqu’on est journaliste pigiste, il est illusoire d’attendre qu’un média nous contacte pour nous proposer un sujet. Les journaux sont surtout demandeurs d’idées nouvelles, et le pigiste représente essentiellement pour eux une force de proposition. Outre le travail habituel d’un journaliste, le pigiste doit donc trouver des idées de sujet et « vendre » ses propositions aux journaux. Chacun a sa méthode : celui-ci rédigera un synopsis détaillé, celui-là proposera un papier « clé en main ». Untel tentera de rencontrer la rédaction, tel autre fonctionnera uniquement par e-mail ou téléphone… il n’y a pas de recette miracle. Bien connaître les journaux pour lesquels on propose une pige est indispensable.

Le pigiste scientifique

Concernant les journalistes scientifiques : une enquête menée en 2005 pour le compte de l’AJSPI sur ses membres a montré que plus de la moitié (35 sur 59) des journalistes ayant répondu étaient pigistes. Leur revenu mensuel était en général compris entre 1 000 et 2 000 euros bruts, alors que le revenu de tous les permanents était supérieur à 2 000 euros bruts. Les pigistes exercent dans des publications variées (mensuelles, hebdomadaires, etc.) et complètent souvent leur revenu par des activités non journalistiques, notamment dans l’édition et la communication.

Le bonheur d’être pigiste

Cette présentation pourrait donner une idée déformée de la pige, où le journaliste serait sans cesse en train de se battre pour vendre ses articles et faire respecter ses droits. Heureusement, les journaux peu scrupuleux sont peu répandus, et le journalisme à la pige peut être un vrai choix de vie. Si certains pigistes le sont par défaut, en attendant de trouver un poste en rédaction, d’autres préfèrent ce mode de fonctionnement qui offre une grande liberté d’organisation, la possibilité de travailler pour des supports variés, et de choisir les sujets qu’on traite.

Quelques liens utiles

À lire

  • Le guide de la pige, par Xavier Cazard et Pascale Nobécourt, éditions Entrecom.