
Les jeunes générations souhaitent moins d’enfants qu’il y a vingt ans, et cette tendance concerne l’ensemble des groupes sociaux. Dans ce nouveau numéro de Population & Sociétés, Milan Bouchet-Valat et Laurent Toulemon, chercheurs à l’Ined, s’appuient sur les données inédites de l’enquête Erfi 2* pour analyser l’évolution du nombre d’enfants souhaités en France et les raisons de sa baisse.
Forte baisse des intentions de fécondité chez les jeunes
Entre 2014 et 2024, la fécondité en France est passée de 2,0 à 1,6 enfant par femme. Cette baisse rapide s’explique en partie par une évolution marquée des intentions de fécondité : les jeunes adultes souhaitent désormais des familles moins nombreuses. En vingt ans, le nombre moyen d’enfants souhaités a diminué de 0,6 enfant chez les femmes de moins de 30 ans (de 2,5 à 1,9 en moyenne). Les générations nées au début des années 1980, âgées aujourd’hui de 40 ans ont eu au cours de leur vie (descendance finale) un peu plus de deux enfants par femme. Les intentions plus faibles se traduiront probablement à l’avenir par un nombre d’enfants eus au cours de sa vie plus faible.
La famille à deux enfants : un modèle persistant
La norme de la famille à deux enfants reste dominante, mais son statut évolue : elle est de plus en plus perçue comme un maximum, non comme un minimum. En 2024, 65 % des 18-49 ans estiment que deux enfants est le nombre idéal, contre 47 % en 1998. Les réponses « trois enfants ou plus » sont désormais minoritaires (29 %), tandis que les réponses « zéro ou un enfant » progressent. Chez les jeunes de 18 à 29 ans, les intentions de n’avoir qu’un seul enfant ou aucun dépassent celles d’en avoir 3, et les intentions de n’en avoir aucun dépassent celles d’en avoir 4 ou plus. Seuls 10 % des jeunes hommes et 16 % des jeunes femmes souhaitent trois enfants, tandis que 20% et 14% en souhaitent un seul.
Moins d’enfants par choix ou par crainte de l’avenir ?
La baisse des intentions de fécondité concerne tous les groupes sociaux. Mais le niveau des intentions varie selon certains facteurs. Une conception égalitaire des rôles hommes-femmes est aujourd’hui associée à un nombre d’enfants souhaités plus faible chez les hommes, ce qui n’était pas le cas en 2005. L’inquiétude vis-à-vis de l’avenir – qu’il s’agisse du changement climatique, de l’affaiblissement de la démocratie ou des perspectives pour les générations futures – joue également un rôle : les personnes très inquiètes pour l’avenir des générations futures souhaitent en moyenne 0,11 enfant de moins que les autres.
Auteurs : Milan Bouchet-Valat chargé de recherche à l’Ined et Laurent Toulemon, directeur de recherche à l’Ined
Accéder à l’étude : https://www.ined.fr/fr/publications/editions/population-et-societes/les-francais-es-veulent-moins-d-enfants/
* Erfi 2 – Étude des relations familiales et intergénérationnelles