L’Association des Journalistes Scientifiques de la Presse d’Information (AJSPI) exprime son inquiétude face au report soudain et sans explications claires de la réouverture du Palais de la Découverte à Paris, initialement prévue pour le 11 juin 2025, ainsi qu’au manque de clarté entourant son avenir.

Elle rappelle que cet établissement public, créé en 1937, est l’un des piliers de la culture scientifique française. Rattaché à Universcience depuis 2010, il incarne un modèle unique de médiation fondé sur la transmission vivante du savoir. Depuis près de 90 ans, ses démonstrations en direct ont inspiré des générations d’élèves, d’enseignantes et d’enseignants, de chercheuses et de chercheurs et de citoyens curieux.

Sa rénovation, entamée en 2020 dans le cadre du projet « Grand Palais Rénovation », devait déboucher sur une réouverture progressive à partir de juin 2025 avec notamment l’ouverture d’un espace temporaire présentant une exposition sur le thème de l’IA. Avant une réouverture complète initialement annoncée pour fin 2026. 

Or ce calendrier ne sera pas tenu. Et les arguments avancés peinent à convaincre : selon Universcience, la non-réouverture du 11 juin serait liée à des « retards dans la livraison du chantier ». Aucune explication sur la nature de ces retards, ni sur leurs conséquences sur le contenu ou l’agencement des espaces, n’a pour l’instant été rendue publique. Pas plus que la communication d’une nouvelle date pour l’inauguration. Cette absence de transparence alimente légitimement les craintes.

L’avenir du Palais apparaît aujourd’hui fragilisé.

L’inquiétude est d’autant plus grande que certaines surfaces de l’établissement avaient déjà été réduites dans le projet initial, interrogeant la capacité du Palais à maintenir son niveau d’ambition et à ne pas être sacrifié au profit d’autres établissements publics sans vocation scientifique. 

Ces craintes s’étaient accentuées fin 2024 lorsqu’une galerie de 1 200 m² a été retirée au Palais de la Découverte pour être mise à disposition du Grand Palais afin d’accueillir temporairement les collections du Centre Pompidou, dont la fermeture pour travaux a débuté en 2025 et doit durer jusqu’en 2030.

L’AJSPI alerte donc sur le fait que le Palais de la Découverte puisse subir la pression de projets extérieurs empiétant inexorablement sur sa vocation scientifique. Elle soutient tous les acteurs qui craignent une réorientation silencieuse du projet initial, au profit d’une logique plus événementielle que pédagogique, et d’un affaiblissement durable de son identité.

À ce jour, ni le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ni le ministère de la Culture – tutelles de l’établissement public – n’ont communiqué sur ce report ni apporté de garanties sur le maintien du projet scientifique. Ce silence prolongé, à l’approche des vacances d’été, n’est pas un bon signal envoyé à tous ceux qui œuvrent à développer et défendre la science. D’autant que la période estivale est souvent propice à des décisions discrètes et difficilement contestables en temps réel. 

L’AJSPI appelle donc les pouvoirs publics à :

  • publier rapidement un calendrier précis de réouverture partielle (été 2025) et complète (fin 2026) ;
  •  garantir la pérennité des surfaces dédiées à la médiation scientifique ;
  • assurer une transparence totale sur l’avenir du Palais de la Découverte, en impliquant Universcience, les équipes concernées, les partenaires scientifiques et les usagers.

Le Palais de la Découverte est un outil vivant de transmission de la science. Son avenir ne peut être négocié  à huis clos, au détriment de l’intérêt général.