Dans l’atmosphère feutrée du sol-sol de l’Institut de Recherche et de Coordination Acoustique/Musique(IRCAM), une vingtaine de journalistes scientifiques ont fait retentir leurs sabirs.
Loin des sommets de Lausanne où se déroulaient la 11e conférence mondiale des journalistes scientifiques, une petite tribu s’est rendue à Paris pour visiter plusieurs laboratoires dont ceux de l’IRCAM vendredi 5 juillet après-midi où ils furent rejoints par quelques parisiens (et provinciaux).
La particularité de l’IRCAM est de coordonner les activités de recherche sur le domaine de l’acoustique et de création artistique. La musique et le son donc comme fil rouge des quatre présentations de chercheurs.
L’introduction fût inaugurée par une présentation de Claire Fabre, attachée de presse, de l’histoire de l’institut, insufflé par George Pompidou et fortement marqué par son fondateur, Pierre Boulez.
Les festivités ont réellement débuté par le topo sur les sons 3D par Marine Taffou. L’objectif de son groupe de travail « Espaces acoustiques et cognitifs » est de permettre une reproduction réaliste d’un environnement sonore 3D, nécessaire pour une immersion en réalité virtuelle par exemple. Celle-là présente de nombreux challenges techniques : le rendu binaural, la prise en compte de la réflexion du son sur le corps, son spécialisé mais également des perspectives thérapeutiques comme pour les acouphènes, les troubles anxieux ou encore les phobies.
La banane aux lèvres, Jean-Julien Aucouturier continue le bal avec sa présentation de la puissance émotionnelle de la voix. Le sourire, connu pour sa contagion, raccourcit les cordes vocales et modifie donc le timbre permettant par le seul son de propager le message émotionnel. Ainsi, même les aveugles congénitaux auront tendance à sourire en entendant une voix rieuse, sans avoir jamais vu de sourire pourtant. Un logiciel de manipulation de la voix a été développé par l’IRCAM. Un monde entier de recherche sur les implications culturelles de ces phénomènes s’ouvre donc à l’équipe « Perception et Design sonore ». La session s’est achevée par une démonstration de leur logiciel permettant de simuler un sourire sur un visage sérieux qui a beaucoup fait rire les sérieux représentants de notre communauté.
C’est un conteur qui clôtura la séance. René Caussé emmène son auditoire en voyage dans l’histoire grâce à la reconstitution du son d’un instrument antique : le cornu. A partir de bouts retrouvés sur différents sites archéologiques et des peintures, le laboratoire « Système et signaux sonores : audio/acoustique, instruments » a pu modéliser le son produit par de tels instruments. Celui-là est audible grâce au logiciel Modalys, très utilisé par les chercheurs, les étudiants et les artistes de l’IRCAM.
Dernier acte joué par Jean-Louis Giavitto, directeur de recherche au CNRS, qui présente les nombreux logiciels et start-ups ayant trouvé leur source à l’IRCAM et donne la pleine mesure de la créativité tant musicale que technologique de l’institut.
L’outro de cette après-midi : la visite dans le silence de la chambre anéchoïque située au sous-sol et qui permet de réaliser des mesures donc sans écho. Les journalistes sont prévenus : il faut faire attention, le manque d’écho peut déstabiliser et dans l’atmosphère un peu étrange car presque dépourvue de son, il faut tâcher de ne pas tomber dans la fosse de dièdres (à peine onéreux) en mousse qui permettent de capturer les bruits.
Seul bémol de l’après-midi finalement, les présentations étaient si prenantes que les journalistes n’ont pas eu le temps de beaucoup échanger entre eux. Une prochaine fois peut-être !
Ps : En prime une photo de l’extraordinaire coiffure d’Edoxie, qui pour sa toute première visite avec l’AJSPI, a eu la gentillesse (et le courage !) de se charger du compte rendu de visite. Un grand merci à elle ! audrey.