Lauréate du prix 2023 du journalisme scientifique de l’AJSP, la journaliste de Science & Vie Junior Hélène Gélot réalise une première : cette récompense n’avait jamais été décernée à une journaliste de la presse jeunesse.
« Les sciences sont un vecteur merveilleux pour raconter de belles histoires », voici la devise de Hélène Gélot, journaliste scientifique à Science & Vie Junior depuis 2019 et lauréate 2023 du Prix de l’AJSPI. La passionnée de lectures et de nature depuis son enfance a réussi à réunir ses deux dadas.
« J’ai créé un magazine quand j’étais petite ! La mascotte était un petit manchot », raconte-t-elle tout sourire, « mais je ne l’ai jamais terminé… » Le projet de jeunesse n’a pas vu le jour, mais la vocation était là. Naïma Ait Zarguef, son amie d’enfance, se rappelle aussi son empathie pour les animaux : « elle venait à vélo à l’école, un jour elle est arrivée très en retard en cours de SVT par ce qu’elle s’était arrêtée pour sauver un papillon blessé. Elle l’avait posé sur son guidon et ramené jusqu’au collège ».
« C’est incroyable de pouvoir poser toutes les questions que tu veux jusque à plus soif. Tu en as le droit, c’est légitimé par ta profession ».
Partagée entre sciences et journalisme, Hélène poursuit ses études en licence puis master de biologie environnementale. Bien loin de ses sujets de prédilection, son premier papier portait sur le rôle sociologique des dents. « Lorsque je lui ai proposé cet article, j’ai tout de suite vu qu’elle était débrouillarde », se souvient Olivier Néron de Surgy, ancien rédacteur en chef de Têtes Chercheuses, journal scientifique des Pays de la Loire, « elle était précautionneuse et attentive à la vérification des informations ». Hélène a alors 20 ans et découvre un métier : le journalisme scientifique. Étape suivante, un master à l’École Supérieure de Journalisme de Lille.
« Lire une publication avec un titre incompréhensible, et arriver à en faire un article accessible pour des lecteurs de 10 ans, c’est quelque chose de très gratifiant »
Hélène a toujours été attirée par la presse jeunesse. Une envie confirmée par son stage à Science & Vie Junior dans le cadre de ses études. Sa première rencontre avec l’équipe est un coup de cœur. Après un passage dans l’édition de manuels de SVT chez Belin et une expérience de journaliste pigiste, elle reçoit une offre d’emploi pour retourner travailler auprès de sa rédaction favorite. « Elle est vraiment très investie dans son travail », précise Marie Perez, journaliste et amie de Hélène, « pour un article, elle a passé des heures dans sa cuisine à mélanger des ingrédients pour obtenir des “œufs rebondissants”. Puis elle les lâchait à différentes hauteurs pour voir quand ils allaient casser. Vous imaginez l’état de sa cuisine après ça ! C’était l’époque scientifique folle d’Hélène », renchérit-elle, en en riant encore.
La technique secrète de la lauréate pour rendre un article accessible à tous ? Toujours se relire en imaginant découvrir un sujet dont on ne connait rien. Hélène nous confie sa bête noire personnelle : la physique quantique. Toujours très investie, « pour certains articles, elle va jusqu’à appeler une quinzaine de personnes, pour être sûre de bien maitriser le sujet », ajoute Marie Perez.
« Ça fait bizarre quand tu es rédacteur de recevoir un prix pour des articles auquel ont collaboré des dizaines de personnes »
Hélène nous rappelle avec justesse l’aspect collectif du journalisme, « des rédacteurs en chef aux secrétaires de rédaction, en passant par les iconographes et la direction artistique, je ne suis jamais seule sur un article, c’est vraiment un travail d’équipe ». Une collaboration qui se poursuit avec de nouveaux défis, car elle est récemment devenue cheffe de rubrique. Elle encadrera en tant que rédactrice en cheffe adjointe un premier hors-série ayant pour sujet le climat. Un accomplissement pour cette journaliste de 33 ans, qui contraste avec son humilité : « ce poste me fait passer de l’autre côté. Comme me l’avait dit Jérôme Blanchart, mon ancien rédacteur en chef, encadrer des papiers me permettra de progresser dans mon écriture ».
« C’est un métier qui existera toujours, la société aura toujours besoin de journalistes », conclut Hélène, encourageant les futures générations, lectrices ou non de Science & Vie Junior, à rester « curieuses des gens et de tout ce qui nous entoure ».
Sybille Buloup