Panorama des méconduites et contre-feux pour déjouer les pièges de la fake science
Objectifs
Le problème du ‘fake’ n’épargne pas la science. Cette conférence dressera un panorama des méconduites contemporaines qui polluent la littérature scientifique, tout en exposant des contre-feux : actions concrètes à intégrer dans nos pratiques pour détecter les arnaques.
Programme
Le mur des connaissances érigé par les générations de chercheurs doit être le plus robuste possible. Or, certaines briques empilées récemment sont friables et menacent l’édifice : les maisons d’édition les plus réputées publient des articles non fiables voire bidons.
Fabriqués en masse par des paper mills, ce sont des assemblages de contenus copiés-paraphrasés-collés (produisant l’expression torturée « péril de la poitrine » au lieu de « cancer du sein », par exemple) ou générés par ordinateur (Scigen, Mathgen, ChatGPT).
Les clients rajoutent leurs noms, usurpent l’identité de coauteurs inventés, et soumettent à des revues établies mais infiltrées par des éditeurs véreux qui les acceptent (parfois en masse) en quelques semaines. Ils vont même jusqu’à acheter des citations auprès d’agents qui coordonnent des citation cartels. Ces pratiques dystopiques sont pourtant bien réelles et produisent des contenus non fiables, qui existent au détriment d’une science qu’on souhaiterait la plus fiable possible.
Intervenant :
Guillaume Cabanac est professeur d’informatique à l’Université Toulouse III – Paul Sabatier et titulaire d’une chaire de recherche fondamentale de l’Institut universitaire de France (IUF) intitulée « dépollution de la littérature scientifique ». Ses travaux visent à identifier des publications non fiables par fouille de textes, notamment au sein du projet ERC Synergy ‘Nanobubbles’ questionnant le processus d’auto-correction de la science. Il développe le ‘Problematic Paper Screener’ qui traque des publications non fiables, pourtant publiées et souvent vendues par les maisons d’édition de premier plan. Au quotidien, ses signalements d’articles problématiques, contenant notamment des expressions torturées, ont donné lieu à des centaines de rétractations. Sa recherche a été distinguée dans le palmarès “Nature’s 10” présentant « dix personnes qui ont contribué à façonner la science en 2021 » selon la revue Nature.