Lydia Ben Ytzhak transmet sa passion des sciences depuis 25 ans sur l’antenne de France Culture. Du réchauffement climatique au fonctionnement du cerveau, en passant par l’industrie nucléaire, elle captive ses auditeurs sur des sujets parfois ardus.
Au bout du fil, Lydia Ben Ytzhak travaille depuis chez elle, dans le quartier de Montparnasse. La journaliste entame un projet d’écriture sur les liens entre science et science-fiction. Admiratrice d’auteurs tels qu’Aldous Huxley, Ursula Le Guin ou encore d’Arthur C. Clarke, elle s’intéresse aux avertissements lancés par les romans d’anticipation : Pandémies meurtrières, catastrophes naturelles, etc.
Adolescente, elle rêve de devenir astronaute, un univers à l’époque fermé aux femmes et aux civils. Elle s’imagine aussi écrivain-explorateur : « J’étais curieuse et passionnée par les sciences mais le problème, c’est qu’il faut être hyper spécialisé dans un domaine pour faire avancer la connaissance. Ce qui m’a toujours fascinée, c’est la transdisciplinarité, se limiter à un seul domaine me paraissait très frustrant ». La voie du journalisme lui permet d’allier sa passion des sciences, des voyages et des découvertes.
Étudiante au Centre universitaire d’enseignement du journalisme de Strasbourg (CUEJ), elle travaille en parallèle pour des radios libres et rédige les pages sciences du magazine de son école. Après l’obtention de son diplôme en 1994, Lydia travaille aux quatre coins du globe. D’abord pour RFO (Société de radiodiffusion et de télévision pour l’outre-mer), puis pigiste et JRI (Journaliste reporter d’images) pour des médias locaux en Afrique ou dans l’Océan Indien, l’aventurière met son énergie au service de l’information générale.
« J’étais bercée par tout ce qui est magazines, formats longs et documentaires »
Très friande des programmes de France Culture depuis ses études, elle décide de proposer à la chaîne des projets de documentaires scientifiques. L’année 1995 marque le début d’une longue collaboration. La jeune femme continue de parcourir le monde pour réaliser ses longs formats radiophoniques sur les sciences, tout en travaillant pour RFI (Radio France Internationale) en parallèle. Les moyens offerts par la station de radio publique France Culture sont, pour elle, exceptionnels : « Je travaille avec une équipe de trois à quatre personnes, chaque milliseconde de son est travaillée. Sur des formats de 90 minutes, on peut entrer dans la profondeur des sujets et aboutir à de véritables bijoux sonores ».
La productrice tient à aborder ses sujets de documentaires par différents champs de la connaissance, à faire intervenir historiens des sciences, philosophes ou encore anthropologues : « Ce qui m’intéresse le plus, c’est de croiser biologie, mathématiques, astrophysique, zoologie, médecine ou environnement, et creuser leur ramification avec les questions philosophiques ou épistémologiques afin de mieux comprendre les enjeux de société et l’évolution des savoirs ». Au travers d’archives sonores, d’interviews, de reportages en immersion sur le terrain, de lectures par des comédiens, Lydia Ben Ytzhak offre à ses auditeurs matière à réflexion, en évitant caricatures et banalités.
Prix du journaliste européen
La réalisation d’une série documentaire pour l’émission « LSD » , requiert beaucoup de préparation et peut prendre jusqu’à six mois. Les personnes qui la côtoient dans le monde professionnel sont unanimes : « elle prend son travail très à cœur », « y met beaucoup de ferveur » pour offrir à ses auditeurs un travail « d’une grande rigueur, précis et construit ». Marie-Neige Cordonnier, de la revue Pour la science, qui a travaillé à ses côtés pour un dossier sur le mathématicien Alexandre Grothendieck, ne tarit pas d’éloges : « c’est une personne très enthousiaste, drôle, curieuse, débordante d’énergie et qui porte un réel intérêt aux autres ».
Si l’exaltation que lui apporte son métier l’emporte, la journaliste reconnaît travailler dans des conditions précaires. Outre son activité radiophonique, Lydia rédige des articles de vulgarisation scientifique pour le journal du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), écrit des livres et réalise à l’occasion des vidéos pour le net, sur des sujets aux titres mystérieux comme « la dynamique stochastique hors équilibre » pour l’Institut Henri Poincaré (IHP).
La lauréate du prix de l’AJSPI 2019 et du prix du journaliste européen 2019, catégorie radio, s’avoue davantage touchée lorsqu’elle reçoit des retours enthousiastes de ses auditeurs : « ça me conforte dans l’idée que ces documentaires informent et émeuvent ceux qui savent écouter ».
Catherine Darinot